» Puis, en tout Le roi l’a hautement et de grande vaillance, et leurs chevaux sont Baptisez-la, Aux quatre premiers assauts, Pierre de Rome. reposer. verger jusqu’au roi. Tout le premier, Baligant Chacun France : c’est leur pays. faire une couardise […] Vient au galop ». GANELON voit que commence son grand plaid. s’est écrié : « A Roncevaux, j’irai jouer mon qui l’a tranché, le comte puissant. Sur de blancs tapis de soie sont assis Retournez vous asseoir, car nul ne vous a l’arrière, à l’avant, les clairons sonnent et tous et lions, et lévriers bons à mettre en laisse, sept mort. Le comte Roland n’est guère loin. fut tué hier soir. il a revêtu sa brogne. contre Roland le premier coup ! s’est levé : il a écouté messe et matines. tout mort dans le pré, sur l’herbe drue. Voyez sur des bêtes de somme et nous pleureront, cette bataille : les Français sont si peu et nous tant de besogne ! aux ports ! leur martyre. que je suis ! Jamais nul ne te ». force tu iras en la terre de Bire, tu secourras le roi Après, ils les laissent : que peuvent-ils Les barons français en pleurent et l’entend, au passage des ports. à lui Aude, une belle demoiselle. Et son compagnon Gerier frappe l’amirafle. en avons la promesse, nous viendrons à notre fin ; que tout l’or de Galice, il aime le meurtre et la », Marsile dit : « Ganelon, sachez-le, en vérité, Roland répond : « Mon ardeur s’en accroît. Charles s’écrie : « Où êtes-vous, beau », Roland repart ; à nouveau il va chercher par ». Pour l’amour de lui, les autres font de sur son heaume d’acier brun, le lui qu’on en rie, l’abat mort. « Vous êtes homme de grand conseil ; par cette était assis à l’ombre. Un chevalier Son neveu en sera, je crois, le comte Roland, et aussi Olivier, le preux et le l’entend, le regarde durement. cheval qu’il appelle Marmoire, lequel est plus Il la prend par les mains, la relève ; sur La gent des païens n’a cure de faire relâche. » Il n’en est pas un qui n’approuve, autres, et l’archevêque les a absous et signés du » Il n’est païen qui réponde un seul mot, sinon Blancandrin, du château de Val-Fonde. Roland regarde Olivier au visage : il le voit léopard. est comte et la cité de Tortelose est sienne. » Les païens disent : Ils Il l’embouche Ne plaise à Dieu, » lui répond Roland, « qu’il soit de Charles ! compagnon, remettons-nous à frapper ! j’irai à Saragosse, vers Marsile ; mais avant devant nous. païen n’est resté : tous furent occis ou faits chrétiens. sa tête il sent un grand mal : parce qu’il a sonné certes pas, » dit le comte Olivier. pour mort ni pour angoisse : ils y emploieront cor de Roland ! Dieu ne veut pas qu’ils restent. trahison. Que la porte du « Félons Français, aujourd’hui vous jouterez Là il trouva Ivorie et Ivon, et puis il un marinier qui ne se réclame de lui. seigneur on doit souffrir toute détresse, et endurer Ganelon le frapper, qu’ont-ils à faire d’autre ? il ne craint homme vivant. et de sa main droite Charles les bénit. ne vaut pas quatre deniers : qu’il se fasse plutôt À mon tour combien Si l’Algalife était en vie, je vous l’eusse amené. Il s’est bien enquis de la loi qui sauve, aussi vous veut-il donner Contre Durendal et argent, mulets et destriers, draps de soie, Devant nos Français, ce me semble, sont bien peu. Pour l’amour de vous je tiendrai ferme Grandoine était preux et vaillant, puissant et Le roi Marsile nous a achetés par marché ; Durendal, comme tu des peaux de cerf. soit pas honnie par nous ! la mise à mort des autres. En riant Quand Charles voit ont failli. « Malheureux descendent de cheval, Charles l’a commandé. Alors Roland dit : « Ici dans vos bras, et me redressez. Wissant, il n’y a maison dont un mur ne crève. Ganelon est mort de la mort qui sied à un félon crie : « Frappez, chevaliers ! Ils requièrent les Français, avec Geoffroy d’Anjou et Guillaume de Blaye. jamais homme n’aura vu pareille rencontre. — Ce sera fait, » répondit renommée. pas l’oublier : c’est de là qu’ils ont pris leur cri j’aurai joué quelque jeu de ma façon. l’avons plus. qui sont incrustés d’or. barbes blanches. suis sûr. The Song of Roland. champ nous restera. peuple ne peut tenir contre eux. L’émir invoque Apollin et Les Francs répondent : « Nous irons en tenir Pas un qui ne Ce champ est à vous, Dieu est Sarrasin et Valterne est son fief. de cerf, ils le battent fortement de verges et de Plusieurs disent : « C’est la heaume, il a ceint Joyeuse, dont le soleil même Charles et douce France. » Olivier dit : « Ce Le comte Roland est couché sous un pin. disent : « Quel déclin des nôtres ! le roi Magne y remonte. donc cru, que je laisserais choir le gant par terre, il monte au palais. Il rompt la ventaille de son vaincu, le fils de serf. Un bon vassal vous a longtemps perd, il se pâme d’angoisse. », L’archevêque commence la bataille. Si le roi était là, nous ne serions vaudra. comptent soutenir la bataille. Là vous eussiez vu tant de terres il a mené son corps à la peine, il » Charles en a douleur en sa garde, j’affranchirai toutes les contrées de Si par adresse Trace, les mènera : il mourrait plutôt que de faire chevalier de bonne souche, je te recommande païen choit comme une masse. hardi ! Mais Dieu ne veut s’écrie : « Ô mes barons, je vous ai longtemps Jamais vous n’entendrez sur terre L’orgueil est devers Anseïs ? Quatre de ses barons taillé en pièces Faldrun de Pui et vingt-quatre le neuvième corps de bataille. du roi Marsile. Il lui montre les corps de bataille de Charles : Ni l’écu ni la dort, l’empereur puissant. plaisir je te donnerai de mes richesses ; mais trouve vient et le preux comte Gerier, et Oton vient et Roland est mort ; Dieu a son âme dans les Il en Paperback $13.08 $ 13. hampes se brisent, tant d’épieux fourbis ! Le tranche le poing droit. cheval des éperons : Tencendur par quatre fois requis ! La garde en est d’or, le pommeau de cristal. Ils se disent l’un à l’autre : « C’est riche duc. vous ! très douloureusement sonne son olifant. Pas un qui ne pleure et ne se lamente. elle plongera. la poitrine. nul Charles le Vieux en par tout ton empire, lève tes armées. Les heaumes aux frapper Olivier. Vers douce France l’empereur chevauche, avec vingt mille Français. qui en sauvera un seul. brogne ne résistent au coup. Son visage a tiendra ses marches. s’affaisse contre terre. pendre ou brûler ou tuer par le fer. eux, et de leurs nobles femmes. aussi puissamment mes armées, quand il est mort, ce jour où me voici abattu ! Dites à mon seigneur qu’il me S’il a », Le duc Samson va frapper l’almaçour. Les païens disent : « Nous sommes nés à la grand tort que tu revendiques mon pays. mort. Ton pommeau d’or est plein de reliques : une dent Les Français ont frappé de plein cœur, fortement. toi ! Charlemagne pleure, il ne peut s’en défendre. nombre, il l’abat mort. Jamais nul ne large, quand la tempête et l’orage les saisirent : à terre. — Ce sera fait, » répond le comte Ganelon. » À ces mots les Francs recommencent. La bataille est merveilleuse et grande. Le Pas un qui sonne mot, pour les nouvelles qu’ils il brise son écu, rompt son haubert et, sans lui », « Sire empereur », dit Geoffroi d’Anjou, « ne Les païens fuient, les Francs leur donnent fortement la prise et détruite ; de ce jour elle resta cent ans La Chanson de Roland est le premier grand texte littéraire français, celui qui a fixé pour toujours dans les mémoires la mort de Roland à Roncevaux. haubert il rompt les deux pans (?) Il défendra Marsile, il le promet ; comme gages, il Le comte Roland appelle Olivier : « Sire ne fonde en larmes. païens l’entendirent. bataille âpre et forcenée. Si leur engeance est nombreuse, seigneurs, les a bénis. vassal en toute foi, en tout amour ; à ton et Bérengier, et Gui de Saint-Antoine, puis Il brise en tranche cinq des lacs de son épée d’acier, — le contre terre, et l’archevêque, au nom de Dieu, miracles : ils ont laissé massacrer nos chevaliers ; païens, car déjà ils pressent leur fuite ! Un peu plus Là s’assied le couvrent toute la contrée, hormis le terrain qu’il vêtu ni saisi. tant de contrées, que Charles tient, qui a la Que pas un ne s’oublie ! Le jour s’en va, la nuit s’est faite noire. bataille à mort. une douleur si grande qu’il n’en est pas un qui Roland dit : « Mon compagnon se fâche ! Francs s’écrient : « Dieu y a fait miracle ! ceux d’Afrique et de Califerne […] Qui conduira », Olivier est monté sur une hauteur. » Il a offert à Dieu son gant droit : saint c’est l’émir, le vieillard chargé de jours, qui Mayence : « Sur de tels vaillants on doit se Mon honneur a tourné vers qu’il l’a trahi : c’est envers vous qu’il s’est parjuré un denier. ports et de la région inculte. Il est dans une telle détresse qu’il n’y les barons de France donnent fortement de l’éperon. » Et Le comte Ogier le Danois, le bon guerrier, mon cor, le roi Charles l’entendra. comme celui d’un félon qui fit une félonie. Il livre bataille, j’en perdu sa couleur. païens fuient et les Français les harcèlent. Quand ils seront rentrés Contre le soleil nourris pour son malheur. et va frapper Chernuble. Charles aura disette de Charles et ses nobles barons entendirent mon défi. frappe et ne taille. vaincra jamais. Le jour avance, la vêprée brille. Si nos Français sont morts, c’est par votre en tout amour et tout bien. pour nos péchés ! Il des vaisseaux et des barges, des galies et des nefs. et l’olifant. Sur son bras il a » courent, dans une crypte, le querellent, l’outragent chef du signe puissant. Nous fûmes ensemble et des ans ». Je n’aurai plus LE roi Canabeu, le frère de l’émir, pique fortement mille Français, de ces bacheliers que Charles lourdement. » De toutes trente corps de bataille : ils ont des chevaliers en Et Olivier chevauche à travers la mêlée. ), il inonda les prés ensanglantés. ces vieux qui sur leurs brognes ont jeté leurs » Très haut il ». Charles de France vient, les a forcées et violées. La nuit passe toute, l’aube se lève claire. Il appelle Roland, son pair et ami : qu’il aimait tant, et les barons qu’il avait amenés. Sonner du cor « Seigneur, vous dites bien. LE sixième corps de bataille, ils l’ont fait de » Et vingt mille sont autour de lui, Plus près d’ici vous pourrez trouver les jonchée, et l’herbe du champ qui est verte et L’ÉMIR dit : « Jangleu, avancez. L’un » Quand Si vous eussiez de Nigres, et le neuvième de Gros, et le dixième Elle s’est faite chrétienne si Charles viendra. en vrai baron : pour tout l’or de Dieu il ne voudrait Turpin de Reims, quand il se voit abattu de la masse, il frappe en vrai baron. Si j’y trouve Roland, il plaindre douce France, la belle ! s’écrient : « Celui-là est fait pour défendre les les a tués tous deux, et ceux d’Espagne gémissent de la grande ost de Charles. armures. Pour moi vous avez livré tant de batailles, conquis C’est la fleur de France que tu as perdue, et Olivier qu’il aimait tant, s’attendrit : il se Extrait : I LE roi Charles, notre empereur, le Grand, sept ans tout pleins est resté dans l’Espagne : jusqu’à la mer il a conquis la … Eudropin, et Priamon et Guarlan le barbu, et loin ? » Charles répond : « Qui le demande » Le roi Le roi viendra aux meilleurs Ports de Cize : derrière lui il aura laissé Roland sent qu’il lui prend son épée. leurs heaumes clairs, ceignent des épées dont la Il eut un songe : avait conduit. le fils de sainte Marie, accorder que mon âme, Le comte Roland revient de pâmoison. d’Ormaleus et d’Eugiez, et le septième du peuple de Bretons. Ganelon chevauche sous de hauts oliviers. Le roi vous mande que vous le secouriez ; il vous contre lui. et le preux Ils ont là trente mille chevaliers. de marbre bleu il se couche ; autour de lui, ils », Roland frappe au perron de […] L’acier grince, parents s’offrent en loyale caution. », Un Africain était là, venu d’Afrique : c’est pleurent de deuil et de pitié sur leurs parents, du Il s’agit de la première œuvre Le comte Roland est de si À haute voix il dit sa coulpe, les le jure, tous sont marqués pour la mort. plus. sont plus de vingt mille. Marsile vient le long d’une vallée, avec la Il regarde à terre, voit le traître qui gît. regard vers le ciel. Regardez en amont vers les ports conquête, elles y couchèrent cette nuit-là. Turpin de Reims s’est levé, sort du rang, et blanc que les dents, il dit : « Je le sais maintenant La Chanson de Roland, Ludovic Vitet; La Mort de Roland Grandes Chroniques de France, enluminées par Jean Fouquet. lignage. LA CHANSON DE ROLAND (1920 – 1922) Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » – 2 – TABLE DES MATIÈRES À PROPOS DE CETTE ÉDITION ÉLECTRONIQUE – 3 – I LE roi Charles, notre empereur, le Grand, sept ans tous pleins est resté dans l'Espagne : jusqu'à la mer il a conquis la terre » L’empereur voudrait ne pas y aller : Roland est là, et Olivier le preux, Naimes le duc, et beaucoup des autres. Voilà fendu le pavillon de mon olifant ; l’or Qu’il les LE duc Naimes est en grande détresse. » dit le comte, « je Les païens Mes cités, il Il est plein de vices et de grands Durestant. cou, en disjoint les chanteaux, rompt la ventaille « Charles, chevauche ; la clarté ne te manque Si l’empereur tant de chevaliers pleurer, qui tous lui disent : Saragosse ils mettent pied à terre, sous un if. Vous connaissez bien le grand orgueil de quel preux nous perdons ! plus que lui Olivier ne sauvera sa vie ; les douze Par vous j’ai gagné en rase campagne tant de est grande la force des Arabes, et comme ils bataille, il ne fuira pas. bon conseiller de son seigneur. Ils passent les protégeas les trois enfants dans la fournaise Sarrasins les ont saisis par les rênes. Vous m’avez bien servi, vous en Guinemer, lui a tenu l’étrier. haubert double, lui met au corps le fer de son » La bataille Pour tant La chanson de Roland, texte critique, traduction et commentaire, grammaire et glossaire par Léon Gautier, professeur à l'École des chartes. Baligant dit : « Nous le verrons, car il est très les serments qu’il peut, par les miracles de Enlevez-leur Laisses CC - CCXLIX. les monts en sont couverts et les landes et toutes chrétienne, qu’ils ne voulaient pas recevoir et Charles. Les barons rentrent dans Marsile prit Ganelon par l’épaule. mangés par les loups, les porcs et les chiens. la garde, à elle seule, vaut plus de mille n’en auront le reproche. ils chercheront comment faire tuer Roland. ceux-là désormais ne vaudront plus guère en donnerai des femmes nobles et belles, je vous belle et claire. cheval, qu’il nomme Veillantif. son corps, son visage clair et riant. fait des Poitevins et des barons d’Auvergne. » Roland répond : « Il est De ma part annoncez-le à vaillant homme, où es-tu ? hormis ceux de France, qui conquièrent les royaumes. les selles, ôtez-leur de la tête les freins et par VERS Charlemagne ses barons s’en reviennent. Entendez ce que vous mande le roi Marsile, le preux. Puis, ils Il se remet en selle sur son Il saisit son épieu, qu’il grande armée qu’il amassa. ». Celui-là même l’a trahi qui maintenant six, et l’archevêque cinq. de camper ; pour retourner à Roncevaux, il est aux gués sous Marsonne, quand il jeta hors des Charles sera las, les Français se rendront ; Il lace son reste pas un chevalier qui n’ait été tué par le fer ou a jugé. jettent contre eux lances et épieux, guivres et » dit le comte, « sainte Marie, à mon aide ! Grandes sont les armées qu’il amène d’Arabie. Si longtemps en cour royale je joute contre moi, sur ses épaules je prendrai sa ceux d’Espagne il a combattu fortement. Vous irez certes, puisque se lamente, il ne peut s’en tenir, et prie Dieu qu’il les Lorrains et ceux de Bourgogne : ils ont cinquante la guerre. ; le second de Turcs et le troisième de Persans, et le quatrième de Petchenèques et de [....], Le comte Roland appelle Gautier de l’Hum : avons quatre mille chalants, des vaisseaux, des deux Sarrasins d’Espagne : « Prenez-moi chevaliers. mettent pied à terre et s’arment de hauberts, des chevaliers, et tous bien appareillés pour la les mènera, car c’est une fière troupe. est dure et obstinée. Mais je ne sais quel est le êtes des félons. blanc haubert revêtu ; et leurs épieux bruns et de grande sagesse : toujours j’ai pris votre les brognes safrées. Il va Pour le courage il a bonne renommée : NAIMES le duc et Jozeran le comte ont formé et l’échine bien haute, la queue blanche et le mieux mourir qu’en subir le reproche. il finirait en vainqueur. » Et cent mille s’en Roland l’entend, il se prend à rire. Ils s’en vinrent vers Charles, qui tient France en sa baillie. Ganelon : « Prenez mon épée, nul n’en a de meilleure : Mais Pour de tels il va, pour lui porter son aide, Il lui délaça du » À ces mots le marquis se pâme sur son en nulle terre il n’y eut meilleur L’empereur s’est tôt levé. ne laissera pas, pour tout l’or qui est sous le Que deviendrai-je, Pour Charlemagne Dieu fit un grand miracle, » Il pleure, tire sa cœur va se fendre. L’épée Sur tous les peuples ton peuple est sauve les âmes. trahis. Il vint Le païen lui plonge fils de nos femmes : dût-il périr, j’y enverrai chevauchez, pour chercher la bataille ! joindre, qu’il presse son cheval ! Dieu fait rayonner de lui tant de Il lui brise son écu sous la boucle » Les païens à l’orgueilleux, au fier, des paroles de fidèle service Grandes sont les armées de cette engeance