SEPTIÈME POÈME Un voyage qui s’étire dans le temps : « Le train avait roulé toute la nuit ». L’expression : « Dans le même rêve » marque en effet une continuité entre IV et V, et suggère le recommencement du même rêve. 3. Elle vient « chercher refuge ». Les Planches courbes (Source de la citation) Cherchez Yves Bonnefoy sur Amazon et Wikipédia. Il les réconcilie. Il est représenté comme pourvu de deux visages, l’un regardant derrière lui, l’autre devant lui. Pourtant, alors même que les conditions semblent réunies pour donner au langage la possibilité de se métamorphoser en poésie, l’inspiration semble se dérober : « La voix que j’écoute se perd... ». Une figure exemplaire du désir maternel. Espoir aussitôt différé par le père: « mais il sort ». Seuil entre le monde des vivants et celui de la mort qui se rapproche « Je suis bientôt à deux pas du rivage ». » L’accès au bonheur passe, pour le poète, par une forme de dépouillement. Pareil à Ulysse, le poète est confronté à l’impossible oubli. Le mystère de cette scène est encore amplifié par le rapport que les deux femmes ont avec l’enfant. Il dit ce qu’il ne dira pas, ce qu’il ne veut pas dire, ce que peut-être il ne peut parvenir à dire. Mais surtout par le déluge qui la pénètre. Interprétation personnelle DANS LE LEURRE DES MOTS Elle appartient à celui que le poète appelle le « passeur  ». La première concerne l’enfant : « confions-le à la bienveillance du soir d’été ». 2. La présence d’Ulysse se prolonge dans la troisième laisse. Trois recueils forment à eux seuls un tout. 2. Dès le premier vers, des voix surgissent, à qui il est fait appel. La forme choisie pour l’ensemble de ce recueil est le vers libre. Le poète-narrateur continue d’avancer, en tâtonnant, en s’égarant. Elle vit dans son palais entouré de jardins enchanteurs. Et de la mort. Il s'agit de l'histoire d'un enfant qui traverse une rivière sur la barque du Passeur, ce dernier finissant par le prendre sur ses épaules, l'esquif commençant à sombrer. Sites pour l’étude d’Yves Bonnefoy Les Planches courbes Terminale L. www.ac-grenoble.fr: compte-rendu du cours de M-C Bancquart, professeur à Paris-Sorbonne, intitulé " Mémoire personnelle et mémoire mythique dans les Planches courbes ". Et le V, qui commence par la conjonction « Or », indique la volonté de construire un raisonnement. La première partie du rêve se clôt sur l’expression d’un désir, fermement et clairement exprimé: « Je désire plus haute ou moins sombre rive ». La vengeance de Cérès ne peut être que mortelle. Le bonheur de ces jours heureux de plénitude et d’adéquation au monde s’accompagne aussi de la capacité du poète à goûter « la majesté des choses simples », « les tuiles chaudes » et « la montagne autour de nous. Séparation qui préfigure sa disparition dans les voies de l’oubli: « et ce sera l’oubli, l’oubli avide ». La force de la réalité extérieure met en danger le corps du géant en même temps qu’elle rend inopérantes « les planches courbes » dont l’appui « se dérobe ». Vrai lieu, « la maison natale » est le lieu des origines. Le conte se referme sur son mystère. Ce qui importe ici, c’est que cette parole enveloppe l’enfant, le traverse. La demande du poète va dans le sens de l’unification, de la pacification (« la quiétude de l’écume »), du fusionnel, qui s’accomplit dans le désir du même : « les mêmes étoiles qui s’accroissent dans le sommeil ». La courbure des planches ne peut jouer son rôle de matrice. Il entre confiant dans le rêve. La maison de Tours où l’enfant vit son exil tout au long de l’année et la maison de vacances de Toirac qu’il aspire à retrouver aux grandes vacances. Mais ce n’est pas la maison de Tours. « Je découvrais sous le voile de l’eau  ». Peut-être ce regard est-il celui de quelqu’un qui épie, désireux de surprendre ce qui lui échappe, qui lui est dérobé ? « Désirs d’autres feux que ceux qui brûlent dans les brumes de nos demandes. « Je ne sais pas » (deux fois) ; « on ne m’appelle pas ». Attentif aux mots, l’enfant l’est aussi à d’autres détails. « Ainsi parle aujourd’hui la vie murée dans la vie ». • « Les tuiles chaudes » Il ne reste rien d’autre au poète « qu’une/Vague qui se rabat sur le désir ». D’un rivage à l’autre de la vie, entre sommeil et éveil, se glisse la poésie. Avec la mort. L’enfant est seul, à nouveau : « J’étais seul », mais le décor de la maison a changé. Un salut qui passe aussi par l’acceptation des limites du langage. Incapable de supprimer ce récit, de lui trouver une langue appropriée - « en vers, en prose »- incapable de réduire au silence la voix intérieure qui le lui dicte, Yves Bonnefoy choisit de lui donner droit à l’existence dans son recueil, en le mettant entre parenthèses. C’est à un tout autre moment que celui de l’été et des vacances. Peut-être à la fois l’un et l’autre. Espace de transition, ce poème est celui du déplacement entre deux lieux. Étrange paradoxe que celui qui se dit là. La vie semble suspendue au-dessus d’un gouffre invisible. S’adressant aux hommes, elle les enjoint à mettre leurs sens en éveil : « Regardez », « voyez », « écoutez ». Désir de « la ligne basse d’un rivage », promesse de clarté, au cœur même des « ombres » et de la « nuit ». Elles concernent l’identité de l’enfant: son nom, ses parents, sa maison. Le « nautonier » et sa barque d’abord, l’enfant ensuite. » « Fut-ce la ligne basse d’un rivage… ? » Cette substitution passe par un enchaînement d’actes et d’attitudes : « Le géant se pencha, », « le prit », « le plaça », « se redressa », « descendit ». Une longue parenthèse qui se clôt sur ces quatre vers : Puis ils sont désignés par un pluriel qui les rassemble : « les parents ». Il s'agit d'un regroupement de textes aux formes poétiques variées : le vers libre y côtoie la prose poétique, de longs poèmes sont entrecoupés d'autres très courts. Les Planches courbes (Source de la citation) Cherchez Yves Bonnefoy sur Amazon et Wikipédia. Ainsi, à peine l’enfant (ou le poète) a-t-il souligné sa solitude, qu’il se ravise et se reprend : « Mais non, nullement seul ». 5. • « Les étés » Cette figure passe par le corps rassurant du père, qui offre ses genoux à l’enfant ; elle est une figure de proximité : « qui s’assied près de toi le soir », présence rassurante aux abords du sommeil de l’enfant : « lorsque tu as peur de t’endormir »; elle est une figure du don « pour te raconter une histoire ». L’enfant, lui, gagné par la générosité des hommes du terroir et empli d’« espérance » se livre à une offrande: « Je dédiais mes mots aux montagnes basses ». 3. Mais s’il est conscient des tragédies qui déchirent le monde, le poète est aussi conscient des limites du langage, des impasses et des leurres dans lesquels celui-ci entraîne. Je passai dans la véranda, la table était mise, Le récit suit les différentes étapes de la collecte des souvenirs: « Je me penchais », « je prenais », « j’en soulevais », « je me retournais ». Elle comble les manques et déficiences du langage. À plusieurs reprises, cependant, le poète transforme le récit en le soumettant à des bifurcations imprévues. PREMIER VOLET EXTRAIT des MÉTAMORPHOSES, V Il ne laisse rien passer des secrets dont le poète a besoin. Peut-être sent-il leur voix à travers son corps ? Intitulée La Dérision de Cérès (ou Cérès et Stellio), cette huile sur cuivre est l’œuvre du peintre allemand Adam Elsheimer (1578-1610), contemporain de Caravage. Un contact physique étroit, qui passe par les principaux sens. Le début du conte se présente comme l’histoire de Charon, le nautonier (ou nocher) des poètes de l’antiquité, dont Yves Bonnefoy s’inspire pour créer son propre personnage. Par analogie de fonction, il désigne une amorce munie de plusieurs hameçons (1769). Qui s’inscrit, avec ses constantes et ses réseaux de variations, dans le passé de l’enfance. Que je savais qui secouait la porte 9. Peut-être Ulysse, investi des rêves du poète, préfigure-t-il le poète à venir ? Jusqu’au vers de clôture où une voix finalement « se perd ». * La référence aux jardins d’Armide et à la chimère qui habite les branches des arbres est empruntée au chant XVI, stances 13 et 14 de La Jérusalem délivrée de Torquato Tasso (1544-1595) (dit Le Tasse, en français). Le regard de l’enfant sonde celui du père : « il regardait/Où, quoi… au-dehors de tout//« son regard vers l’inaccompli ou l’impossible ». Il se tient sur le « seuil » : « J’étais seul sur le seuil dans le vent froid ». Berceau du rêve pour l’enfant, l’esquif s’estompe et passe au second plan: « c’est plutôt comme s’il se dissipait. Surpris sans doute de voir le jeune garçon hanter ces rivages cachés par les roseaux, le géant s’empresse de le questionner, sur un ton familier, l’appelant « mon petit ». Par deux fois en effet se remarque de manière visuelle la présence d’une interjection lyrique adressée à la poésie : « Ô poésie ». Les différentes problématiques développées ici par Yves Bonnefoy se rattachent à la post-modernité. La réponse à la requête de l’enfant est tranchante: « Non, dit le passeur, ce n’est pas possible. La maison est saccagée par le désordre « les miroirs/Amoncelés partout ». » La proximité de « l’estuaire », « déjà », ne l’enchante pas. Cette fois-ci, alors que dans les deux autres poèmes il déambulait d’une salle à une autre, l’enfant est immobile. Ou disent autre chose que ce qui est… » (page 73) Elle s’anime de cris, de « voix », de « coups » frappés contre les portes, de « douleurs ». Insaisissables comme le sont les images du rêve. Et l’image du miroir appelle celle du visage (cet autre rivage !). Deux fois pour évoquer la « terre », incertaine, elle aussi. Un voyage initiatique à rebours N’est-ce pas accepter de recevoir la « nuée rouge » et le « délice des fruits que l’on n’a plus » ? La barque est reliée au monde de l’enfance, de la mémoire, du sommeil. 5. Ex : les laisses de la Chanson de Roland. 2. Mais c’est aussi apercevoir pour la première fois. » L’enfant évoque le souvenir de cette longue traversée qui appartient au passé de son enfance : « Je regardais », « Je dédiais ». 2. La promesse LA MAISON NATALE L’univers des mots n’est-il pas, comme l’univers des rêves et des souvenirs, semblable au « jardin d’Armide », un univers du « leurre » ? PREMIER VOLET Absorbé de l’autre côté du miroir, sa présence se dérobe. : « Ici, le temps se creuse », puis s’accélère, véhiculant d’autres images ; « et c’est déjà/L’eau éternelle à bouger dans l’écume. Le ventre protecteur de la barque Créé par les pouvoirs de l’imaginaire (éveil/rêve), il est séparé en deux par une cloison poreuse. Profil - bonnefoy yves : les planches courbes - analyse litteraire de l'oeuvre: Analyse littéraire de l'oeuvre Profil Bac: Amazon.es: Bonnefoy, Yves, Andriot-Saillant, Caroline, Brunel, Pierre: Libros en idiomas extranjeros Le poème VIII, plus bref, introduit une contradiction. Elle est prête à accueillir le retour d’Ulysse dans la mémoire du poète. La première partie du spectacle est marquée par la confusion. C’est ce que laissent entendre les trois derniers vers de commentaire du poète : « Après quoi deux voies se séparent ». Ainsi, d’un recueil à l’autre de l’œuvre poétique d’Yves Bonnefoy, se tisse une partition polyphonique. 8. Mais il est aussi celui que le géant sauve du fleuve. Folle de douleur, Cérès n’a de cesse qu’elle n’obtienne satisfaction de Jupiter, père de la jeune fille. Je tournais la poignée, qui résistait, Les planches courbes... une barque ? Yves Bonnefoy, né à Tours le 24 juin 1923 et mort à Paris le 1er juillet 2016, est un poète, critique d'art et traducteur français. Le désir de l’enfant d’instaurer un lien fort avec son père, s’avère être un leurre. C’est prendre le risque de tenir un langage différent de celui, anonyme des « on », qui dénigrent la poésie et lui tournent le dos : « on te méprise », on « te dénie  », « on t’estime un théâtre », « on t’accable  ». Cette identité de situation est suivie d’une opposition: l’itinérance du poème VI est remplacée ici par la confirmation du lieu: « c’est bien la maison natale. Les Planches courbes est le récit en prose qui donne son titre à l’ensemble du recueil Les Planches courbes. Elle ressurgit dans le dernier poème de La Maison natale, réhabilitée par le poète. Qui ailleurs consumait un univers. DANS LE LEURRE DES MOTS À l’intérieur des Planches courbes se succèdent La Pluie d’été, La Voix lointaine, Dans le leurre des mots, La Maison natale, Les Planches courbes, L’Encore aveugle, Jeter des pierres. • « Le blé » Ce « vers extraordinaire » a marqué le poète qui le retranscrit dans la première strophe et développe dans la strophe suivante les réflexions qu’il suscite en lui. • « La déesse  » (II) ** Le breuvage à base de farine d'orge grillé, de fromage rapé et de vin de Pramnos qu'offre la vieille femme à Cérès est le kykéôn, la boisson rituelle que buvaient les initiés aux mystères d'Eleusis. Prendre le risque La pluie, cette eau du ciel qui tombe continûment, a remplacé l’écume et l’eau de la vague du premier poème. L’enfant, déçu dans son attente, « maladroit » peut-être à attirer sur lui l’attention du père, « maladroit » à lui faire don de son désir de le voir reprendre le dessus sur sa vie, brouille les cartes au profit du père, afin « que celui qui perdait gagne ». Imprimant à la figure paternelle toute sa force iconique douloureuse. Que l’enfant ne semble pas reconnaître ni comprendre. La même silhouette que dans l’épisode VII se dessine. Puis le sommeil final qui n’est « plus rien qu’une vague qui se rabat sur le désir ». Alternant vers brefs, tétrasyllabiques (4 syllabes), vers longs, endécasyllabiques (11 syllabes), ils sont un commentaire du poète sur la difficulté de rendre compte de cet épisode par l’écriture. Le vers de Keats dévoile pour le poète Yves Bonnefoy, traducteur de Shakespeare et de Keats, l’origine de la souffrance maternelle, de ses pleurs (« tears »), engendrés par « le sentiment de l’exil ». « Aller confiants, nous perdre nous reconnaître ». Que faire donc de tout ce bois sinon le ranger ou le mettre à l’abri ? Ce document a été mis à jour le 10/04/2015 Derrière l’image séduisante de la déesse se cache celle décevante d’une petite fille au « front triste et distrait ». 3. Nombre de ses textes sont à l’imparfait. Faire émerger la poésie, c’est laisser au désir la possibilité de brûler. Plus loin, page 87, le narrateur confie : Pourtant, très vite, le « je » de la narration, en s’appropriant l’épisode des Métamorphoses peint par Elsheimer, le réinterprète. Le recueil de La Maison natale serait alors un ensemble crypté à la manière d’un jeu de cartes structuré en douze arcanes. Une offrande de « mots qui semblent ne parler que d’autre chose ». Préoccupation majeure de l’enfant. L’enfant possède l’assurance d’un savoir connu : « je savais ». Le dernier poème, le poème XII, le plus mystérieux, apporte des éléments de réponse à l’énigme de la poésie de Bonnefoy : « Je comprends ». Et la syntaxe distordue de ce vers étrange : « Ici rien qu’à jamais le bien du rêve ». Elle contribue à son exil. L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note. Familier et énigmatique, porteur de connotations positives, l’enfant est acte de présence au monde. *Janus bifrons : l’un des plus anciens dieux du panthéon romain. selon les recommandations des projets correspondants. Au sens où il participe de l’essence même de la poésie. 7. Le malheur de l’enfant repose sur un malentendu. Assez proche du poème XI par sa structure - une strophe de sept vers, une strophe de douze vers (à quoi viennent se rajouter cinq vers conclusifs) -, ce poème final est très différent du poème précédent sur le plan thématique. 4. Image du ventre maternel, la barque est à elle seule un microcosme fondateur, d’où l’enfant perçoit les pulsations du monde, les odeurs du réel. Le chant triste du rossignol est signe du départ prochain d’Ulysse. Il tient des propos séduisants qui ensorcèlent le chevalier. S’agit-il d’un breuvage magique, d’un poison ? Un arrêt sur image se produit sur le « chardon bleu des sables », symbole christique d’espérance, et sur le « bien furtif », qui combine une sensation tactile concrète – « furtif  » – avec la notion abstraite du « bien ». ». Cendre, comme si les collines cachaient un feu « Comment garder/Audible l’espérance dans le tumulte », « Comment faire pour que vieillir, ce soit renaître ». Dans les quatre derniers vers, le regard de l’enfant se pose sur le père, sans doute parce que celui-ci est mort alors que l’enfant n’avait que treize ans. Le vaisseau de la véranda Elle retient sur son île de l’Atlantique (Îles Fortunées), au-delà des Colonnes d’Hercule, le chevalier Renaud qui s’est laissé prendre par ses sortilèges. De s’adresser à elle, comme aux temps anciens où elle était honorée de « guirlandes de feuilles et de fruits », objet de culte et de gloire. Le poème IX marque l’irruption dans le récit d’un élément nouveau : « Et alors un jour vint ». Au-delà de cette demande d’hospitalité, ce qui transparaît, c’est l’expression d’un désir. L’errance du poète est tracée par « un chemin/Qui monte et tourne ». 5. Le voilà dans « la maison natale ». Une femme, privée de traits, dont il ne livre pas le nom. Ce titre a aussi un lien de parenté avec le personnage de Douve dont le nom évoque entre autres les planches courbes d'un tonneau, qui, comme elle, sont à la fois en mouvement et immobiles (Du mouvement et de l'immobilité de Douve, 1953). La seconde strophe du poème, séparée par un blanc de la précédente est un douzain où alternent décasyllabes et endécasyllabes. «  Je ne me souviens pas de cela non plus. Mais puisque l’expression des « Planches courbes » a donné son titre à un recueil dans le recueil, autant se diriger vers ce recueil. Mais je ne suis que le passeur ! Je m’éveillai, c’était la maison natale,L’écume s’abattait sur le rocher,Pas un oiseau, le vent seul à ouvrir et fermer la vague,L’odeur de l’horizon de toutes parts,Cendre, … I woke up, it was the house where I was born, Sea foam splashed against the rock, Not a single bird, only the wind to open and close the wave, Everywhere on the horizon the smell …